L'HISTOIRE DE LA PIROGUE À BALANCIER

Rico Leroy rentrant au port sur sa pirogue OC1 à Hawaï

L’HISTOIRE DE LA PIROGUE


UNE EMBARCATION, UNE RELIGION, UN ETAT D’ESPRIT

La pirogue à balancier représente à elle seule, l’évasion, le voyage voir la tentation … Asymétrique et pourtant si gracieuse, la pirogue que nous connaissons aujourd’hui renferme une histoire riche de 5000 ans de traditions et d’innovations. C’est au Néolithique que l’on trouve les premières traces de pirogues qui témoignent d’un grand avant-gardisme quant à la technique de fabrication utilisée : Des traces de carbonisation sur les vestiges retrouvés nous prouvent que déjà, les hommes préhistoriques du Néolithique maitrisaient parfaitement la technique d’évidage par le feu. La pirogue était donc creusée dans un seul unique morceau de bois auquel on ajoutait différents éléments comme des bancs ou un balancier. Très vite la pirogue occupe une place importante dans l’organisation des sociétés. Seuls les grands maîtres en charpenterie de la marine, les Tahu’a va’a qui en connaissaient les techniques de fabrication pouvait en posséder une. Elle est également très vite investie d’une dimension religieuse et des décorations sont rajoutées sur la coque pour protéger les pêcheurs des mauvais esprits et du danger de la mer.

nes par les peuples polynésiensPremière représentation de pirogues polynésiennes. Embarcations conçues pour lDécouverte des îles des amis en pirogues polynésiennes

La construction devient un rituel religieux a part entière. Elle est suivie par des grands prêtres et est rythmée d’invocations aux dieux comme Tané-i-té le dieu des façonneurs de « pahi ». Une fois terminée la pirogue était baptisée et consacrée à un dieu. La mise à l’eau de la pirogue était toujours précédée d’une offrande à Pohu, le dieu requin. L’offrande à l’atua (« dieu en Tahitien) était très souvent proportionnelle à l’importance du voyage pour lequel la pirogue était destinée. La mise à l’eau de l’embarcation était suivie par toute la population et le chef du village. Elle s’accompagnait de nombreuses cérémonies et de repas de fêtes. Toutes ces traditions sont encore pour la plupart respectées par les peuples Hawaïens et Tahitiens. La pirogue a su traverser les âges en gardant toute son authenticité. Elle représente aujourd’hui à elle seule la culture de l’océan et est l’emblème des îles Polynésiennes dont elle est originaire.

D’UN SIMPLE MOYEN DE TRANSPORT À UNE VRAIE DISCIPLINE SPORTIVE

L’arrivée des matériaux composites a littéralement bouleversé la vision et l’utilisation de la pirogue. Plus légère, plus profilée et plus adaptée aux conditions en haute mer la pirogue ne se limite plus a un simple moyen de transport mais devient une véritable discipline sportive. C’est lors de la colonisation de la Polynésie occidentale puis de la Polynésie orientale il y a plus de 3000 ans que les Européens ont pu assister aux premières confrontations sportives durant lesquelles les pirogues étaient ornées de riches décorations. C’est ensuite les autorités Françaises qui mis la pirogue à l’honneur en organisant de nombreuses fêtes commémoratives ou patriotiques avec des épreuves de pirogues doubles ou triples. Mais c’est au début des années 1950 que les courses comme nous les connaissons aujourd’hui apparurent. Les catégories se diversifient et les pirogues sont taillées spécialement pour les courses. Aujourd’hui les pirogues de compétitions sont fabriquées en carbone ultraléger et ne pèsent plus qu’une dizaines de kilos pour une longueur de 6m50 ! On peut aujourd’hui différencier deux grands types de courses : les courses de vitesse en lagon et les courses longues distances en haute mer (ocean racing) avec ou sans changement d’équipages pouvant aller jusqu’à 150 km sur trois jours. Aujourd’hui beaucoup de courses sont devenues mythiques pour les rameurs du monde entier comme la Molokai à Hawaï ou le Te Aito à Tahiti. En France métropolitaine le va’a à également trouvé sa place et est régie par la Fédération française de canoë kayak. Elle aussi possède quelques grandes courses sur ses côtes. La professionnalisation de la discipline ne fait que commencer et le premier championnat du monde de va’a a eu lieu en juin 2017 alors que le Te Aito World tour, un championnat sur 8 étapes dans le monde débutera en 2020.

Du V1 à l’OC1, une évolution récente et étonnante.

Jusque dans les années 70, la pratique de la pirogue était un marqueur culturel important et concernait principalement les hawaïens de souche. Ceux-ci ramaient principalement sur des pirogues 6 places et surfaient avec bonheur le shore break à l’aide d’OC4. La pratique individuelle de la pirogue était inexistante.

pirogue dans le shorebreak - surf en OC4 OC4 surfing - Rico Leroy

C’est en fait un Tchécoslovaque, Karel Tresnak qui est à l’origine de la création de l’OC1 et son histoire est étonnante : Dans les années 70 , Karel Tresnak est l’un des meilleurs canoéiste de slalom au monde : Deux fois champion du monde (en 1973 et 1975) , il fait défection au début des années 1980 et passe à l’Ouest en obtenant une carte verte aux USA. A l’époque, les pays de l’Est étaient reconnus comme étant très en avance en matière de préparation sportive alors que les pays de l’Ouest étaient bien loin des techniques scientifiques et individualisées pratiquées derrière le rideau de fer. Au début des années 80, Karel est contacté par un des plus grands club de l’île de Ohau à Hawaï qui souhaitaient optimiser l’entraînement de leurs équipes OC6 en vue des première Molokaï to Ohau, la course qui allait devenir un véritable mythe dans le monde de la pirogue. Arrivé sur place, Karel constata qu’il n’existait aucun plan d’entraînement individualisé en fonction de la morphologie et de la place de chaque rameur. L’équipe se contentait d’un volume de rame en commun drivée par un coach sur un bateau suiveur . Il fit donc venir des V1 de Tahiti afin que chaque rameur de l’équipe puisse effectuer des entrainements individualisés en plus des entrainements par équipe. Devant la difficulté des rameurs à tenir leur cap, il eut l’idée d’adapter un gouvernail sur les V1. Puis de fil en aiguille, et dans le but d’adapter les pirogues aux conditions locales, il eut l’idée de réduire leur taille, de leur donner du « rocker » et de remplacer l’hiloire par une position seat on top…. Quitte à concevoir un nouveau format de pirogue, il se dit qu’il serait bon de la rendre pratique : les iatos alu clickable furent le dernière évolution. L’OC1 moderne était née et ne cesse d’être améliorée depuis.  Woo à pour la première fois de l'histoire de la pirogue, développé une pirogue initiation, la Kawan, afin de rendre ce sport accessible à tous.
Pour en savoir plus sur les différences entre V1 et OC1, c'est par ici

Posté par Fanny Ringrave

Fanny Ringrave

Chargée de Marketing chez Woo

1 Commentaire(s)

  1. DIDIERCommentaire posté le 04/11/2017 par DIDIER

    Articles très instructifs pour un néophyte en matière de pirogue. Je pratique le kayak depuis une vingtaine d'années et je souhaiterais m'initier sur une OC1 sans mettre de côté mon bélouga. D'après vos commentaires me situant au bord de l'océan il me faut privilégier le OC1 plutôt que la va'a. Je pense donc acquérir une OC1 prochainement . Reste à connaitre la bonne filière pour achat. Merci encore pour vos bons conseils. Bien cordialement

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